Les acides gras oméga-3 sont-ils bons pour le cœur ? (2024)

Beaucoup de gens croient que la prise de suppléments d'oméga-3 réduit le risque de maladies cardiaques, d'accidents vasculaires cérébraux et de décès. Mais qu’en est-il réellement ? Il s’avère que les résultats des études cliniques sont variables, comme le rappelle le ministère de la Santé.

Les acides gras essentiels font partie des nutriments indispensables à notre santé. Parmi eux, les acides gras oméga-3 ont la réputation de participer activement à l’activité cérébrale, hormonale mais aussi cardio-vasculaire du corps, de même que favoriser et préserver la production des membranes cellulaires. Comme le rappelle l’ANSES* à ce sujet, le précurseur de la famille des acides gras oméga-3 est l'acide alpha-linolénique (ALA), qui doit obligatoirement être apporté par l'alimentation. A partir de ce composé, l'organisme synthétise d'autres acides gras oméga-3, notamment les acides eïcosapentaènoïque (EPA) et docosahexaènoïque (DHA). Cependant, le taux de conversion de l'ALA en DHA est trop faible pour couvrir les besoins en DHA, ce dernier est donc également considéré comme indispensable et doit aussi être apporté par l'alimentation. Les aliments les plus riches en oméga-3 sont issus de végétaux terrestres (la noix, l'huile de colza, de soja, de lin) qui contiennent de l’ALA et d’animaux marins (les poissons gras comme le saumon, le thon, le maquereau, le hareng, la sardine et l'anchois) qui contiennent de l’EPA et du DHA.

C’est dans le domaine cardiovasculaire que la consommation d'acides gras oméga-3 a notamment fait l’objet de nombreuses études dont les résultats ont fait état selon l’ANSES d’une diminution de la pression artérielle chez les personnes présentant une hypertension artérielle, et de la quantité de triglycérides dans le sang, un type de lipides qui, en cas d'excès, contribue au développement de maladies du cœur. S’ajoute à cela une réduction de la morbidité et de la mortalité cardiovasculaires chez les personnes présentant au préalable des pathologies dans ce domaine. A ce titre, doit-on se supplémenter si l’on souhaite prendre soin de la santé de son cœur ? Après tout, des médicaments à base de DHA/EPA sont prescrits en France pour traiter l'excès de triglycérides en association avec un régime adapté, en particulier après un infarctus du myocarde. Dans un point d’information dédié, le site du Service public d'information en santé (SPIS) a répondu à cette question. L’organisme met en premier lieu en garde quant au fait que bien que les études portant sur l’effet des oméga-3 sur la santé du cœur et des vaisseaux sont nombreuses, leurs résultats sont très variables.

Quels sont les résultats des études sur les oméga-3 et la santé cardiovasculaire ?

Le procédé pour mesurer l’efficacité des oméga-3 (en grand majorité issus des huiles de poisson) est toutefois similaire, à savoir mesurer par des prises de sang (taux sanguins de cholestérol et de triglycérides) mais surtout par le suivi médical sur la durée de personnes prenant des oméga-3, en notant le nombre d’accidents cardiovasculaires selon leur consommation d’oméga-3. En 2020, le réseau Cochrane, connu pour ses analyses croisées d’études (« méta-analyses »), a passé en revue 86 études cliniques sur ce sujet (regroupant environ 163 000 patients). Ces études évaluaient les effets, sur les maladies cardiovasculaires, d'un apport important en oméga-3 par rapport à un apport plus faible, pendant au moins 1 an. « Selon leur méta-analyse, la supplémentation en EPA et en DHA n'a que peu ou pas d'effet sur les décès et les accidents cardiovasculaires et peu ou pas de différence sur les accidents cardiaques, les AVC ou les troubles du rythme cardiaque. Cependant, cette supplémentation semble légèrement réduire le risque d'accidents et de décès concernant les artères coronaires (données de faible certitude). », indique l’organisme.

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Selon ce dernier, ces résultats décevants pourraient s’expliquer par le fait que, si l'EPA et le DHA réduisent effectivement les triglycérides d'environ 15 %, ils n'ont pas d'effet sur les autres graisses du sang. Concernant les huiles végétales, selon cette même méta-analyse, consommer plus d'ALA ne fait probablement pas ou peu de différence pour les décès ou les accidents coronariens, toutes causes confondues, mais semblent réduire légèrement les accidents cardiovasculaires en général et les troubles du rythme cardiaque (données de certitude modérée ou faible). « Globalement, les conclusions du réseau Cochrane sont que l'EPA, le DHA et l'ALA peuvent être légèrement protecteurs contre certaines maladies cardiovasculaires, mais que cet effet reste modeste. », fait remarquer le SPIS. Qu’en est-il de l’avis des autorités de santé dans ce domaine ? Ces dernières s’accordent à reconnaître un léger effet positif des acides gras oméga-3 sur la santé du cœur et des vaisseaux sanguins mais toujours est-il que leurs recommandations varient s’il s’agit d’oméga-3 issus de poissons (huile de poisson) ou de végétaux (huiles végétales).

Oméga-3 : toujours privilégier l’alimentation aux compléments alimentaires

L’avis référent en la matière est celui de L’Agence européenne de sécurité de l’alimentation (EFSA). Celle-ci considère que, selon les études disponibles, « les produits contenant des oméga-3 issus des huiles de poisson peuvent prétendre contribuer au fonctionnement normal du cœur si ces produits contiennent au moins 40 mg d'EPA/DHA pour 100 g et 100 kcal de produit, et s'ils apportent au moins une dose quotidienne de 250 mg d’oméga-3. Mais, pour l’EFSA, ces produits ne peuvent pas prétendre réduire les taux sanguins de cholestérol LDL (le « mauvais » cholestérol), fluidifier le sang, ni protéger le cœur des maladies cardiovasculaires. » Toujours selon cette agence, « les produits contenant des acides gras oméga-3 issus des huiles végétales peuvent prétendre contribuer au maintien de taux sanguins de cholestérol normaux s’ils contiennent au moins 0,3 g d'ALA pour 100 g et 100 kcal de produit, et s’ils en apportent au moins une dose quotidienne de 2 grammes mais ne peuvent pas prétendre être important pour la santé du cœur et des vaisseaux sanguins, ni contribuer à maintenir une pression artérielle normale. »

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Si l’ANSES a une position plus optimiste à ce sujet, l’agence insiste avant tout sur l’importance de l’hygiène de vie, à savoir que « la prévention des maladies cardiovasculaires repose sur des mesures hygiéniques et diététiques, combinant une alimentation diversifiée et équilibrée à la pratique d’une activité physique. » Il en va de même pour Evangeline Mantzioris, directrice du programme de nutrition et des sciences de l'alimentation et diététicienne au sein de l’Université d'Australie du Sud qui affirme dans un article publié dans The Conversation « qu’il est préférable de consommer des acides gras oméga-3 dans son alimentation, sachant que bien que la nourriture d’origine végétale contienne de l’ALA, cela n’est pas aussi efficace qu’un apport accru d’EPA et de DHA grâce à des poissons. » Il s’avère que l’apport alimentaire quotidien d'oméga-3 conseillé est de 120 mg chez les hommes et 100 mg chez les femmes (250 mg pendant la grossesse et l'allaitement), selon les recommandations de la revue médicale Vidal qui préconise, chez une personne en bonne santé, trois repas par semaine contenant 100 g de poisson gras, pour couvrir ce besoin.

En conclusion, le SPIS estime que si les bénéfices des acides gras oméga-3 sur la santé cardiovasculaire semblent réels, « les effets d’une telle supplémentation restent modestes et semblent plutôt concerner les personnes qui ont déjà connu des problèmes cardiovasculaires, dans l’objectif de réduire le risque de rechute. Une telle supplémentation pourrait également être bénéfique aux personnes qui ont de faibles apports alimentaires (celles qui consomment peu de poissons et d’huiles végétales en contenant). » A noter toutefois qu’une grande prudence est de mise en ce qui concerne une supplémentation réalisée sans l’avis d’un médecin. En trop grandes quantités, elle expose notamment à des troubles digestifs, de l'acné, de l'eczéma, des augmentations des transaminases hépatiques ainsi qu'à des saignements. La revue médicale Prescrire met également en garde contre une augmentation du risque de fibrillation auriculaire (rythme cardiaque irrégulier). Comme pour d’autres familles d’aliments, il semble donc plus avisé de soigner le contenu de son assiette pour se maintenir une bonne santé que de prendre des suppléments inefficaces et coûteux.

*Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail

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